Dans les trains, bien trop de monde.
Le RER, le chemin de croix du maniaque du boulot que je suis devenu.
Ce train, il me sert, pourtant. Il m’assiste, m’emmène, me traîne, jusqu’à cette cloche, ce monde sous vide, ce paradis perdu : Paris.
Bien trop d’année que je l’emprunte ce train pour extirper de tout cela quelques railleries trop franchouillardes contre l’entreprise française de chemins de fer dont il faut mesurer l’infâme tâche : déporter des personnes consentantes à perdre leur vie à la gagner.
Un peu d’indulgence, que diable, pour tous ces retards, ces interruptions de trafic qui, finalement, nous offrent quelques moments de répit d’une rare intensité en des tunnels obscurs.
Un peu de compassion pour tous ces agents qui par leur incompétence (critère d'avancement pour la SNCF) nous permettent, un temps, de faire une pause dans le trafic incessant et infiniment routinier de la vie de banlieue.
Un peu de reconnaissance, finalement, pour ce que la SNCF nous alloue fortuitement : la richesse d’une observation de nos contemporains.
Observer, voilà ce à quoi je passe mon temps lorsqu’une énième avarie ferroviaire survint.
J’observe, disai-je.
Et je vois le pire.
La banlieue me fait l’effet d’un trou du cul atteint d’un prurit sévère.
A la base, c’est crade, ça pue mais à ce stade de pathologie, c’est la gangrène, la nécrose nauséabonde.
Ce n’est pas tant les lieux dont l’extrême neutralité ne diffère pas tant que cela de ce que, j’imagine, il se passe ailleurs.
Ce sont plutôt les personnes. Les hommes et les femmes qui peuplent ces lieux.
Comme toujours ce n’est pas la veste qui fait l’homme, mais l’homme qui fait la veste. Et c’est la même chose en géographie.
Les personnes, donc.
On nous a vendu, pendant tant d’années, la richesse de la variété ethnique et des échanges culturels, on a fait de la banlieue l’étendard de cette France « Black, Blanc, Beur », le laboratoire des possibles : la fraternité.
Et bien, j’en suis le premier désolé mais faudra repasser.
Je ne vois pas de quelle variété les pontes de la bonne pensée voulaient parler. Il n’y a aucune variété en banlieue, il y a plutôt une mono culture : la pauvreté d’une jeunesse bâtarde abrutie par le rap bas de gamme, le shit et MSN.
Ces jeunes arabes et noirs qui se baladent le cheveu court et défrisé, gominé sur le devant comme des homos qui s’ignorent, tous fringués chez « delaveine » et dont la « politesse » va jusqu’à faire partager à tous leur bien médiocre goûts musicaux estampillés Zaho et Tunisiano grâce à leurs portables MP3. Gadgets qu’il faut, semble-t-il, ne pas manquer d’exhiber et pour lesquels n’importe quel médiocre étudiant en psycho diagnostiquerait le symbole phallique évident.
Leurs alter-ego féminines ne relèvent pas le niveau. Je ne comprends pas ces toutes jeunes filles s’échinent à s’enlaidir ainsi : sur maquillées, elles clopent à 16 ans aussi fières de leur slims et de leurs chaussures à talons que de leur virginité perdue depuis longtemps.
Là encore, la diversité est relative : beaucoup de beurettes et de blacks, copines comme si l’Afrique avait ouvert une franchise en ces contrées nordistes.
De toute façon, mêmes blanches, les filles expriment tous les tam-tams et autres you-yous que leurs comparses n’ont pas manqué d’imprimer dans leur cervelle microscopique.
Je m’interroge sur l’avenir de ces personnes et, ce faisant, sur l’avenir de la jeunesse française en général.
Les voici, ces jeunes gens frôlaient la vingtaine et espéraient un avenir professionnelle fondée sur la réussite à moindre coût.
Les meilleurs finiront en « Management des unités commerciales » grâce auxquels ils pourront vendre des portables et se payer ainsi des vacances de rêve chez le très bien nommé Promovacances, les pires d’entre eux, pour ne pas tirer sur l'ambulance, n’en parlons même pas…
Je vous entends, déjà, dire que le Gary débloque, qu’il serait devenu réactionnaire…
Je n’ai pas la prétention de dire que je suis meilleur que ces personnes, je suis seulement différent et, au bout du compte, je n’ai plus rien à faire ici tant je me confonds d’incongruité à l’égard de ce paysage.
Il est remarquable de voir qu’aucune de ces racailles antisémites n’a encore osé m’importuner. Je suis, pourtant, une victime expiatoire idéale vu ma frêle silhouette, mes cheveux longs, mon style pseudo dandy et l'étoile de David qui trône sur mon poitrail velu et que je ne manque, ainsi, pas d’exhiber non sans une certaine provocation jouissive.
Je crois que ces « sympathiques » autochtones consentent justement à me laisser tranquille parce que je parais transparent au sein d’un monde pareil. Tellement différent qu’on ne me voit plus. Il faut le faire.
Pour autant, soyez certain que si la réussite sociale me permet un jour d’immigrer dans le 16ème, je tiendrai un discours au moins équivalent contre la bourgeoise populasse qui occupe ces quartiers privilégiés. Ce n’est, donc, pas, et rassurez vous, un positionnement droitiste mais seulement un petit coup de gueule d’esthète proche de l’éructation fatale à la vue de son environnement.
Il est une chose que j’exècre, c’est le conformisme que constitue l’anti-conformisme.
Tout ce petit monde se ressemble finalement en ce qu’ils font, tous, partis à leur manière d’une tribu, d’un peuple.
Moi, je ne suis d’aucune tribu, d’aucun peuple, je suis seul comme dans ce RER qui ne me ramène nulle part…ailleurs. Et ouais, c’est là que je vis.